AU MOMENT OÙ J'ECRIS....


Au moment où j'écris, je ne pense pas à ce que j'ai pu dire avant.
Je cherche à être en accord avec ce qui m'habite à l'instant présent.
Énoncé ainsi, cela peut sembler facile, mais en vérité, l'esprit passe par bien des détours pour ne pas affronter la réalité.
Et cette réalité, quelle est elle?
Quelle distance existe t'il entre ce que je suis et ce que je voudrais être?
Celle de l'océan de mes défaillances, de mes faiblesses, de mes "pas de côté"...
Au moment où j'écris, j'essaie de devenir cet observateur, attentif à ce qui se passe en moi.
Et à en tirer du positif. 

Par exemple, ce matin,  mon être savoure la lumière dorée de cette fin d'été, cet air si doux..
Mes enfants jouent seuls dans le jardin, avec des bouts de bois et des feuilles.
Je m'attendris car ils semblent m'imiter, " Cherise, est ce que tu crois que ...?".
Ces semaines, ensemble, leur ont fait du bien.
Ils se lèvent le matin, avec le sourire. Ils mangent avec appétit et la journée se passe dans les rires, les petites chamailleries, les histoires qu'ils aiment inventer et se raconter. 
Je les vois s'aimer, apprendre à se respecter, à s'écouter.
Je les vois grandir et s'épanouir.
Profiter de leur vie.
Voilà ce que contient cet instant.
De la Vie.
Dans le mouvement et les cris.
Dans les pleurs et les rires.
Dans la bienveillance.
Alors quand on me demande comment se passent ces journées d'été avec eux... Que j'entends: " tout le temps avec tes enfants, ça ne doit pas être facile..."
Je concède.
Oui, c'est vrai, que j'aimerais avoir du temps pour moi... Pour mes projets, pour mon travail.
Oui, c'est vrai, parfois, je suis fatiguée, lasse, de ne faire QUE m'occuper d'eux.
Je conforte l'autre dans cette idée qu'élever mes enfants, c'est dur pour moi.
Et c'est vrai, c'est dur...
Mais pas seulement.
Ce que je dis n'est qu'une toute petite partie de ce que je vis au quotidien.
En réalité, si je regarde bien dans mon coeur, ce que je vois s'y inscrire, c'est du bien être en leur compagnie et de l'accomplissement personnel.
Vivre au quotidien avec eux m'épanouit.
Je profite de leur amour, de leur joie de vivre, de leur tendresse enfantine.
Je savoure mon rôle de mère. Je  les vois m'écouter, m'imiter, suivre mes conseils.
Je souffre aussi dans mon rôle de mère. J'essaie de gérer leur sensibilité, leur immaturité, leur crise,...
Seulement, souffrir n'est pas forcément mal.
Souffrir peut être une occasion de changer.
C'est désagréable de sortir régulièrement et sans préparation de sa zone de confort.
Mes enfants me poussent à cela. 
Me remettre en question.
Ils me secouent intérieurement. Ils m'obligent à regarder la réalité en face.
Ils m'offrent toutes ces petites occasions de me dépasser.
Parfois, je plonge dans mes automatismes et j'en sors invariablement triste et en colère contre moi-même...
Parfois, je réussis à répondre en accord avec ce que je veux être et je sens un tel  bien être m'envahir!
Je me découvre des ressources. Et j'ai envie de capter ces instants où je peux faire mieux qu'avant.
Vivre pleinement ses émotions, même, celles qui font mal.
Réparer par petites touches
Prendre du recul par rapport à ses erreurs, sans pour autant se reposer sur ses acquis.
J'ai choisi mon chemin.
Je sais qu'il va me falloir des années de travail.
Que je ne fais que commencer.
Mes enfants grandiront.
Et je comprends que je vais grandir avec eux.
Que je peux m'améliorer grâce à eux.
Alors, oui, c'est dur, c'est un pan de ma réalité...
Mais c'est aussi merveilleux.

Ce que j'écris à cet instant, c'est ce que beaucoup de mères vivent partout dans ce monde.

Penser à elles me donne de la force pour avancer.
Dans nos foyers, nous construisons la génération suivante.
Nous sommes des gouttes d'eau.
Qui, une à une, distillons un peu de bienveillance dans ce grand monde.
Nous faisons de notre mieux.
Et, oui, c'est un pari...
Pour demain.

Illustration: Henri Lebasque "Femme écrivant"

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